Au train où va l'Afrique...

Les femmes coiffées de pots s'écartent, les enfants mettent le ballon sur le côté et le train de marchandises Dakar-Kayes-Bamako passe poussivement, à 10 à 15 km/heure peut-être, interminable, au milieu des herbes folles et au terme d'un périple de 1 250 km. Pas de barrières, tout au plus un planton qui fait signe aux voitures et motos de patienter.

On devine tout un inventaire de carburant, de vrac, bois, minerais, ciment, voitures, fruits et légumes, céréales... l'approvisionnement de tout un pays quoi !

La cadence tourne autour de 3 trains par semaine et jamais à la même heure ! Environ 2 jours de voyage. Le tourisme attendra. Le commerce, lui, trouve une modeste mais utile alternative à la route.

Pays enclavé, le Mali n'a malheureusement pas le réseau ferré qui lui permettrait de combler quelque peu ce handicap. L'héritage de l'Indépendance est maigre à ce sujet et la ligne date du tout début du 20e siècle. Plus récemment, canadiens et indiens ont essayé quelque chose, pour ressusciter le trafic passager avant de jeter l'éponge.. Pourtant des acteurs économiques de premier plan (Bolloré...) ont investi dans le rail dans la Région mais au départ du littoral (Abidjan, Lomé, Cotonou), jusqu'au Burkina.

L'effort du Mali a surtout porté sur les routes (merci aux amis chinois) qui ont notablement progressé d'Est en Ouest (Kayes, Kita, Segou, Sikasso sont maintenant à portée décente de la capitale en voiture) mais le train et le frêt sont incontournables pour un pays aussi massivement importateur.

Aussitôt passé, la population reprend l'espace libéré, les gamins courent après le monstre brinquebalant et s'y accrochent même pour les plus téméraires. Je ne jurerai pas que des grappes de passagers clandestins ne grimpent pas sur le toit des wagons pour un bout de chemin gratis.

La Douane devrait procéder bientôt au déplombage des conteneurs au milieu des acheteurs. Hé hé gare à la freinte !