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5 décembre 2017

Salut Jean !

A peine parti, Jean d'Ormesson, sorte de Voltaire contemporain, nous manque déjà. Sa malice et son sourire, sa voix reconnaissable entre toutes adoucissaient les rigueurs du temps médiatique. Ses essais et ses romans étaient des odes à la vie, son extrême érudition était toujours teintée de légèreté. A part Jean Ferrat qui lui dédia une chanson stigmatisant ses positions colonialistes quand il était directeur du Figaro, on ne lui connaissait pas d'ennemi. Ce qui n'empêchait pas Jean d'O. de rendre hommage à l'immense chanteur. Comment adorer Aragon sans apprécier son plus célèbre interprète ?

Lointain descendant du révolutionnaire martyre, Le Pelletier de Saint Fargeau, régicide, assassiné au début de la Révolution, il avait gardé de son enfance yonnaise, une aristocratie de comportement, brillant, élégant sans jamais être arrogant. Son art de la conversation et du conte, ses bons mots permettaient de le rendre séduisant et passionnant à tous. Quel bon client sur les ondes !

A Julien Doré qui avait tatoué son nom sur sa peau et qu'il interrogeait sur ce choix incongru, Doré avait répondu qu'il cherchait un personnage sympathique et ringard. D'Ormesson avait répondu " vous ne pouviez pas mieux tomber !".

A cheval tout au long de son existence entre deux mondes, le journalisme (l'urgence, la vie, le mouvement) et la littérature (la durée, la patience, la mort, l'éternité), Jean d'Ormesson jouissait d'une aura dépassant largement ces deux sphères.

Son oeuvre littéraire, parfois sous estimée (au moins 50 ouvrages, essais et romans), est conséquente (je la connais très peu et vais essayer de combler les principales lacunes dans les mois qui viennent). Entrer vivant dans la collection la Pléiade a dû le rassurer car son immense popularité ne l'abusait pas tout à fait.

Féministe (il avait fait entrer Marguerite Yourcenar à l'Académie Française), homme de droite tendant la main à la gauche, il était de tous les combats d'idée et brouillaient les lignes du débat avec gourmandise. Sa relation privilégiée avec Mitterrand y avait largement contribué.

Je ne suis pas sûr, même s'il s'en doutait, que l'unanimité louangeuse autour de sa mort lui aurait plû.

Il ne croyait pas que Dieu existe mais il l'espérait fortement. Ayant aujourd'hui la réponse, quelle qu'elle soit, il n'aura certainement rien perdu de sa gaîté et a sûrement commencé à enchanter son nouvel entourage de sa verve.

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