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23 novembre 2014

Potagers en sursis

Au mitan des années 1990, l'Etat décida d'aménager le quartier ACI 2000, sorte de marigot insalubre sur la rive gauche du Niger, pour attirer les promoteurs immobiliers puis les banques, assurances et autres fleurons maliens de l'industrie et des services. On ne donnait pas dix ans avant que les sièges sociaux ne poussent comme des champignons, lointain équivalent de Pudong pour Shanghaï, toutes proportions gardées.

potagers en sursis

Les habitants indigènes qui y faisaient paître leurs troupeaux de toute éternité et menaient leurs petits business de subsistance avaient touché une obole, fonction du nombre de bêtes et de planches de la case. En attendant que toutes les parcelles soient occupées, ils avaient rapidement vu le parti à tirer de la situation et colonisèrent les interstices. D'innombrables potagers sortirent de terre : salades, tomates, carottes, pommes de terre pour la table familiale mais plus sûrement vendus au marché pour un complément de revenu. Pas de clôture ni de pancarte mais une garde sévère de tous les instants, ensuite le droit que donne l'usage prolongé et la solidarité: une surveillance mutuelle pour réduire le chapardage des hommes et la divagation des animaux, le pompage en commun et les menus travaux.

Le quartier, vingt ans après, en dépit des buildings achevés ou arrêtés faute d'argent, garde aujourd'hui mais pour combien de temps, une âme avec ces petites trouées de verdure, ces hommes et ces femmes courbés sur les parcelles, arrosoirs à la main.

Awa, tout sourire, montre fièrement les pousses de ses futures salades. Elle porte son bébé emmailloté dans le dos. Quand elle gratte la terre, on a presque peur que l'enfant bascule. Elle vient travailler dès six heures pour bénéficier de la fraîcheur. Ce n'est pas son terrain mais celui d'un oncle à qui elle donne une partie de sa récolte. Elle vit au jour le jour. En attendant, sa petite production est bienvenue car son mari est maçon sur un chantier de bâtiment mais travaille irrégulièrement. Quand s'approcheront les pelleteuses, il sera bien temps de déguerpir. Elle sait juste que le couple et l'enfant mangeront à leur faim dans les prochaines semaines.

Décidément, le potager est bien le vieil ami de l'homme !

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