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9 novembre 2014

L'essence de l'Afrique

Amadou Oil

Ici l'existence précède l'essence mais de peu.

On se souvient des forçats nigérians à la courte espérance de vie, nus, brûlant de nuit le pétrole siphonné le long des pipelines de Shell, pour le raffiner. On a aussi en tête les contrebandiers béninois, les zemidjans, passant la frontière avec des dizaines de bidons ficelés, véritables bombes roulantes, remake du pauvre du Salaire de la peur.

Ici, point de production ni de raffinage. Du stockage oui et surtout de la distribution à l'infini: de la cuve de l'importateur de 500.000 l sur le port à la station Titi Oil de Bamako avec sa citerne de 50 000 l jusqu'à Amadou au rond point de l'Eléphant et ses cubitainers de 20 l.
Dans un pays où la lutte pour l'unité est constante, le fractionnement est, paradoxalement ou logiquement c'est selon, la clé du commerce: toujours plus petit, toujours moins cher, toujours plus proche ou une combinaison des trois.

Le revendeur de premier niveau anime des revendeurs de 2e niveau puis de 3e niveau etc jusqu'à Amadou. Ponzi ?

Amadou a douze ans. Sa table en bois, fraîchement repeinte, calée par une tong et la bordure du trottoir tient lieu de station service dont il est le gérant. Son pote Issa, à trois mètres. brandit des recharges téléphoniques Orange et Malitel sous le nez des automobilistes.

Chez Amadou, pas de pompes à jauge, de boutique grill ni de station de lavage: juste trois cubitainers sous les pieds et une dizaine de bouteilles en verre ouvertes, blanches, jaunes, vertes avec des liquides improbables, du plus clair au plus sombre.

Le business est bon: les motos s'arrêtent. Hop! la selle biplace se soulève et l'entonnoir en plastique ou le filtre à café dirigent le précieux liquide dans le réservoir. Les billets changent rapidement de main. La TIPP est remplacée par la TAPP, 'tout l'argent est pour ma pomme'. Zéro pour l'Etat. Ni vu ni connu. Le client repart en zigzaguant dans un nuage de fumée de couleur indéfinie.

Un point du business model m'échappe toutefois : chez Titi Oil, la grande station du centre de Bamako, le litre d'essence moto est à 750 FCFA (1,2 €). Chez Amadou Oil Intl Corp. c'est aussi 750 FCFA !? On m'explique alors qu'Amadou 'dilue' un peu. Dans le litre servi à la clientèle, on peut en effet trouver du pétrole, de l'eau, peut être du jus de bissap ou du coca zéro et tout ce qu'on peut imaginer entre. A chaque artisan sa recette!

Heureusement le chinois KTM qui a le quasi monopole des motos au Mali a prévu le coup et conçu des moteurs capables d'avaler à peu près n'importe quoi.

Mais le dosage fait le pompiste. Tout le monde n'est pas alchimiste. Ceux qui tirent trop sur l'élastique sont éliminés sans pitié du marché. Issa est un ancien pompiste reconverti dans la technologie.

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