Les jeunes dans le bus

Otages tous les jours dans les transports publics de nuisances, les plus anciens ou les moins jeunes sont frappés de voir et d'entendre des ados parler fort (devenus sourds par leur musique dans l'oreillette), se vautrer sur les fauteuils et prendre à témoin les passagers ébahis par des propos d'un vide sidérant et sidéral, creux, parfois grossiers, en tous cas affligeants. Ce que l'on appelle pompeusement l'incivilité, en réalité un gros manque d'éducation.

Pour ne pas passer pour un vieux con, j'essaie de me plonger dans le Canard Enchainé ou le dernier Stefan Zweig, n'en pensant pas moins mais me retenant de donner des leçons qui seraient en pure perte, espérant les voir descendre avec soulagement au prochain arrêt.

Et puis, une jeune fille se lève pour ramasser un paquet échappé des genoux d'une vieille dame, tel autre soulève la poussette de la mère débordée à la station. Bref, du baume pour nos coeurs de parents qui ne devons jamais désespérer de nos enfants. Evoluant dans un contexte de technologie galopante, de consommation débridée, de difficultés quotidiennes, notre jeunesse s'est aussi endurcie face à son manque de repères mais finalement, et les sondages récents le montrent, elle reste attachée aux valeurs familiales et à quelques réflexes d'éducation.

Evitons ce clivage générationnel car nous devons aider et aimer nos jeunes qui à leur tour, sans obligation, nous aideront naturellement. Le monde dur que nous leur laisserons (mais pas plus dur qu'au Ve ou au XIVe siècle) nous oblige à les accompagner sans les juger trop sévèrement. Ils ont besoin de nous voir confiants en eux et en leur avenir.