Africa surprise

Si l'on veut bien considérer que le Maghreb est en Afrique, celle-ci nous aura réservé une belle surprise !

Alors que tous les yeux étaient rivés sur Abidjan, espèrant sans y croire le décollage d'un avion présidentiel (même si celui -ci a été confisqué et attend sur un tarmac européen), c'est de Tunis qu'est venu le coup de tonnerre.

Petit pays diversifié, éduqué comme on dit, avec une macro économie globalement équilibrée, un intégrisme complètement sous contrôle, une opinion internationale fermant les yeux sur la nature policière et corrompue de son régime, des aspects progressistes exemplaires notamment vis à vis des femmes, une modération par contraste avec certains voisins bref un pays arabe ''comme l'Occident les aime '', rien ni personne n'aurait pu laisser prévoir un tel dénouement.

Seule la peur panique du Président et de sa famille honnie de finir comme les Ceausecu en 1989 explique ce départ précipité comme celui du Shah en 1978, alors même que du lest avait été lâché, apparemment trop tard.

La première raison bien sûr, cette jeunesse sans travail , fléau qui ronge tous les pays arabes. Ensuite, cette conscience universelle de ce que peut-être un pays libre au travers d'internet et des réseaux sociaux et puis l'étincelle ici une nième exaction policière, renverser l'étal d'un marchand...

Partout se font écho les incantations islamistes de souffler sur les braises pour embraser le Maghreb et toutes les dictatures, c'est à dire tous les pays arabes pratiquement, les appels tardifs et embarrassés de l'Occident et des institutions internationales à la sagesse du peuple tunisien et à la modération pour une mise en place du processus démocratique.

...avec une palme d'honneur à la France particulièrement myope et navrante sur ce coup, F. Fillon sauvant in extremis, mais d'une voix trop faible, les meubles de notre diplomatie tunisienne systématiquement à l'envers de l'Histoire.

Souhaitons au peuple tunisien qui ne s'est pas encore choisi de leader véritable (peut être dans l'opposition en exil) de rapidement se mettre aux normes démocratiques après les inévitables exactions et réglements de compte auxquels nous avons commencé d'assister et de donner des emplois à sa jeunesse tout en donnant la parole aux idées et aux médias.

Souhaitons que cela fasse réfléchir les pays voisins qui ont leurs particularités et évolueront différemment, sans effet domino, mais ne pourront pas ignorer dorénavant le précédent tunisien, unique, d'un dictateur chassé par la rue.