A la fin Dubaï, on fait l'état des lieux
On croyait ce confetti hors du temps, affranchi des régles de l'arithmétique : plus haut, plus cher, plus endetté.
Moteur assoiffé du Golfe, installé près d'une pompe à essence (Abu Dhabi), le petit émirat faisait la nique au reste du monde : ports, compagnie aérienne globale, duty free monumental, défis immobiliers insensés (Palm, World, tour Burj Dubai juste finie, 800m de haut, mais vide...), investissements.
Le libéral Cheikh Maktoum offrait travail et réjouissances à ses alliés régionaux au prix d'indicibles souffrances, celles des immigrés pakistanais, indiens, philippins, égyptiens, iraniens, privés de passeports parqués dans d'infâmes dortoirs à l'extérieur de la ville, lâchant prise quand le dirham s'envole et qu'ils doivent retourner chez eux.
Maintenant, l'addition vient d'être posée sur la table : une soixantaine de milliards de dollars à restructurer auprès des banques internationales laïques et islamiques. Le monde fait semblant de s'étonner comme si la tempête pouvait avoir épargné la ville : luxe, tourisme, immobilier, portuaire, transport aérien, toutes industries touchées de plein fouet depuis 2 ans.
La solidarité des émirats et un baril à 70$ permettront probablement d'éviter le pire, la faillite pure et simple de Dubai l'arrogante. Le monde ne peut se payer un Lehman Brothers tous les ans.