La veste ou le Panthéon

Les Présidents de la Ve n'ont pas tous fait entrer un glorieux défunt au Panthéon. Après de Gaulle, il aura fallu attendre Mitterrand et Chirac, gros panthéoniseurs devant l'Eternel (René Cassin, Monge, Condorcet et l'Abbé Grégoire (pour le bicentenaire de la Révolution), les Curie, Malraux et Dumas).

Le candidat à la rue Soufflot doit être incontestable, le moment bien choisi, à l'occasion d'un anniversaire par exemple et sa mémoire être en phase avec l'opinion publique... Ce n'est pas choquant donc que Nicolas Sarkozy veuille aussi honorer un grand français. Il en rejaillit toujours un peu de gloire...A la différence de la Légion d'honneur ou du prix Nobel (que Camus obtint en 1957), l'élu ne peut pas vraiment refuser cette canonisation laïque.

Alors Camus ? pourquoi pas, en ce temps de débat sur l'identité nationale. Ecrivain, penseur rebelle, il y a sa place, en termes de stature. Mais les familles, quoique honorées par ricochet, aiment rarement cette intrusion de l'Etat dans le caveau familial, pour ne pas dire la récupération... de ce qui reste. Ceci dit, personne ne se souvient a posteriori de qui a fait entrer qui (sauf Jean Moulin tant Malraux avait théatralisé l'événement, sous un ciel sinistre et un vent décoiffant).

Ici, on a le sentiment que l'intéressé lui-même n'apprécierait pas cette danse macabre autour de son tombeau. L'Homme Révolté a-t-il finalement sa place dans ce haut lieu de la République ? S'il y a unanimité sur le génie de l'écrivain et du penseur, ce n'est probablement pas le candidat de consensus 'droite-gauche'. Car le transfert des cendres de Camus risque d'être politisé. Encore une manifestion de l'ouverture sarkozyenne, étendue aux morts ?

Les promoteurs de la panthéonisation d'Albert risquent donc une 'veste' si ce projet de transfert de tombe... tombe .