Hommage à Polo

En voyant ce soir ces visages d'astronautes, octogénaires, avec des gueules à la Clint Eastwood, je me suis souvenu de cette nuit magique il y a 40 ans devant le petit poste en noir en blanc, à Saint Nazaire, chez ma grand mère. Les Etats-Unis avaient bien besoin de ce rêve pour sauver une décennie désastreuse : guerre, assassinats politiques, ségrégation, contestation étudiante...

Nous étions scotchés devant ces images en noir et blanc, tremblotantes. Les commentateurs (dont grand papa Cronkite, anchorman si rassurant, qui vient de mourir) traduisaient l'épopée dans un américain nasillard. Deux types en scaphandre au pied d'une échelle sautillaient dans la poussière autour du drapeau ricain et s'éclataient en karting.

Ces hommes, pilotes d'élite, s'étaient inscrits en masse au programme Apollo pour atteindre l'objectif fou fixé par Kennedy d'un aller retour sur l'astre mort avant la fin de la décennie. Intrépides, ils ne doutaient de rien et partirent la fleur au fusil, à une époque où la technologie n'était pas stabilisée.

A leur retour, l'humanité fut saisie de liesse, cette prouesse annonçant des temps meilleurs.

Mais finalement les retombées furent maigres et les alunissages suivants presque banals.

Reste le rêve de cette nuit de juillet 1969.