Les gloutons n'ont rien compris !

Moins d'un an après la déconfiture de Lehman, les survivants de la finance affichent déjà en milliards de dollars et sans honte les provisions qu'ils vont passer au titre des bonus 2009 ! Les Etats ont réussi à contrer le risque systémique que ces apprentis sorciers avaient déclenché, dernier rempart de la confiance aux yeux des déposants et épargnants. Et eux vont récolter les fruits du chaos actuel.

Prospérant sur la volatilité toujours forte et un nombre réduit d'acteurs, les activités de marchés de capitaux vont engranger des super profits à court terme, tout en remettant en jeu, donc en risques, leurs fonds propres toujours très insuffisants (avant la crise, Goldman Sachs et Morgan Stanley avaient moins de 4% de fonds propres dans leur bilan).

La difficulté à réguler la sphère privée sur le sujet de ces rémunérations gargantuesques est incompréhensible pour beaucoup. Le sujet est certes complexe et ne peut être efficacement traité qu'à l'échelon national et surtout au travers de la fiscalité. Le G20 ne pourra que rester incantatoire.

Je ne peux pas croire que le Président Obama laissera faire. L'Amérique a une immense responsabilité dans cet état d'esprit de cupidité déplorable, gangrenant progressivement le monde. Elle a donc un immense devoir de montrer l'exemple pour l'avenir, à défaut de venir à resipiscence. Les Goldman Sachs, Morgan Stanley à peine sortie de la zone rouge recommenceraient comme si de rien n'était ! au motif que les talents s'en iraient mais pour aller où, si les grands acteurs se montrent raisonnables et plafonnent les éléments variables de la rémunération et les étalent dans le temps ? au motif qu'on tuerait l'initiative, la prise de risque, le mérite ? de qui se moque -t-on ? les grands bienfaiteurs de l'humanité, les génies, les Magellans, Pasteur, Edison ont-il jamais gagné autre chose que l'ignorance de leurs contemporains ou une maigre reconnaissance de leur vivant !

Un patron salarié peut-il gagner décemment 60 MUSD par an quand son employé le plus modeste est à moins de 20 000 USD ? Sur la base de quel mérite, quelle prédestination ? La loi du plus fort ? Alors que leur image d'invincibilité est plus qu'écornée, bon sang, quand cette arrogance cessera-t-elle ? et c'est un banquier qui vous parle ou plutôt vous écrit...

Les patrons de banque français sont sous surveillance mais il faudra avoir aussi l'oeil sur les traders. Il n'y a pas de raison de surcompenser des gens qui font simplement leur travail à l'intérieur de régles sauf à introduire des castes perturbatrices, sans loyauté pour l'entreprise.

Quand le bon sens et la modération font défaut, il faut utiliser des méthodes radicales, confiscatoires via la fiscalité (avec des taux allant jusqu'à 100% s'il le faut) car les progrès de la gouvernance par la loi ou la pratique sont trop lents, les amis continuent et se cooptent d'un conseil à l'autre.

Quelques idées parmi de nombreuses autres :

-interdiction d'être présent dans plus de trois conseils d'administration (hors groupe et filiales)

-aucun 'parachute doré' ne doit être ouvert en cas de perte

-aucune rémunération fixe ne doit dépasser vingt fois le plus bas salaire de l'entreprise ou dix fois le salaire moyen.

-les bonus de performance (clairement mesurés et connus de l'entreprise et du régulateur) doivent être 'cappés' à 100% de la rémunération fixe et libérés par tiers annuel.

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Goldman et ses semblables ne devraient pas oublier qu'ils n'ont survécu à l'automne 2008 que grâce à l'intervention de l'Etat qui a stoppé le risque systèmique.

On ne doit plus être millionnaire par dizaines ou centaines de millions quand on est simplement salarié. La fortune doit rester l'apanage des bâtisseurs d'empire.