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14 octobre 2016

L'étau négatif

Malgré la prise de conscience mondiale en 2008 des méfaits de la finance débridée, malgré les efforts en matière de régulation et de surveillance des deux côtés de l'Atlantique, peu de chose a vraiment changé.

Les paradis fiscaux sont toujours là et bien là pour deux raisons simples : il est très difficile de dénouer plusieurs décennies de pratiques juridiques et bancaires en quelques années et surtout les deux principaux consommateurs de montages sont les USA et le Royaume Uni qui sont eux mêmes des paradis fiscaux (Delaware, Nevada, BVI, îles anglo-normandes et Londres..)!

Les 3 grandes agences de rating continuent de prospérer au milieu de conflits d'intérêts et tous les contrats financiers continuent de s'y référer.

Les bonus demeurent plantureux même s'ils se font plus discrets (limités à une année de salaire fixe pour les pays les plus réprimandeurs).

Les réformes achoppent sur la mise en oeuvre (cloisonnement, séparation des activités retail et marché).

Enfin et surtout, les bulles couvent sous la cendre un peu partout (prêts à la consommation, prêts étudiants, cartes de crédit, même l'immobilier et évidemment, la dette souveraine de nombreux pays européens et des USA (> PIB)...).

Ce qui est vraiment nouveau, en tous cas pour les moins de 60 ans, ce sont les taux d'intérêt négatifs des emprunts avec comme corollaire une épargne pas ou misérablement rémunérée.

Bien sûr, les taux nominaux des prêts, les coupons des obligations demeurent > 0% mais les rendements actuariels sont eux négatifs (-0.10%, -.030%..) dans de nombreux pays d'Europe, au Japon et aux USA.

Ce n'est pas sain et pas seulement parce que la théorie financière ne s'y retrouve pas. Un taux d'intérêt sert à rémunérer un risque et le prix du temps. Pas d'intérêt voudrait dire que notre monde financier est sans risque. On voit bien toute l'absurdité.

La faute en incombe essentiellement aux banques centrales qui ont noyé les économies sous la liquidité comme une brigade de sapeurs pompiers éteint le feu d'un bâtiment sous un déluge d'eau, achevant de le démolir. Ayant acheté des titres en masse, la BCE a fait chuter les taux actuariels des titres jusqu'à devenir négatifs (les achats provoquant mécaniquement la hausse des prix des titres donc la baisse des rendements).

Avec plus de 2 000 milliards € de dette, l'économie de frais financiers pour les gros emprunteurs que sont la France ou l'Europe du Sud se comptent en dizaines de milliards, presque autant que certains budgets (Défense ou Education), oxygène bienvenu mais qui n'incitent pas à la vertu budgétaire. Payer ses dettes n'enrichit plus. Il reste quand même le capital à rembourser !

Les économies atones ne redémarrent pas (le prix du baril en est une des manifestations, l'incertitude apportée par le Brexit, les perspectives électorales paralysantes, l'inflation (quasiment) éradiquée, l'effet laminateur de l'économie internet sur les prix et les marges..) ou viennent juste de retrouver leur niveau de PIB d'avant la crise de 2008.

Seul le carnet commandes rempli des entreprises pourrait faire repartir l'activité ou les inciterait à investir.

Le levier dérisoire des banques centrales (hausse des taux de 1/4 de point par ci, 1/4 de point par là) n'est en prise que sur la sphère financière pure (arbitrageurs, hedge funds, banques et compagnies d'assurance) qui, brassant des milliers de milliards, finissent par s'y retrouver au moindre frémissement dans un sens ou l'autre.

Les banques préfèrent prêter à taux négatifs à la BCE (qui pénalise le dépôt de monnaie centrale (-0.4%) et leur prête en retour à 0%) plutôt qu'à l'économie ou bien alors, uniquement aux Etats et aux grands corporates pour entretenir la relation, toujours l'aversion aux risques !

Les assureurs de leur côté, craignent la remontée des taux (coup d'envoi par les Etats-Unis à la fin de l'année?) et le retrait massif des assurances-vie pour des placements plus lucratifs ainsi que la dépréciation en valeur de leur portefeuille de placements.

Les trésoriers d'entreprise s'ennuient ou se désespèrent et reprennent des risques inopportuns (sur le franc suisse, le dollar ou la livre sterling... ). Plus de grain à moudre, pas la plus petite courbe de taux pour swaper. La tentation de l'effet de levier est forte alors qu'il convient plutôt de prendre son mal en patience, de servir du dividende, de chouchouter ses actionnaires, de payer par anticipation sous escompte ses fournisseurs et aussi de garder de la liquidité ou bien l'investir dans des projets créateurs de valeur (au coût du capital au moins) et donc de croissance.

Les particuliers ont renégocié tous leurs prêts immobiliers autour de 1% tout en payant du découvert non autorisé à 15%.

Les Bourses se traînent (CAC -5% depuis janvier).

Les banques demeurent assiégées par les évolutions réglementaires, l'intermédiation (leur coeur de métier), mal rémunérée (d'où l'inflation de commissions pour compenser), la bouderie subséquente de leurs clients volages, la concurrence des Fintech, le désamour des investisseurs (la banque est une des industries les moins rentables en Europe), les restructurations de leur réseaux, toutes fragilités accrues par l'Oncle Sam qui veut régenter plus que jamais la planète économique (FATCA, TAFTA, embargos, amendes mahousses, hégémonie du dollar), et Donald ou Hillary n'y changeront rien.

Bref, un panorama général peu engageant alors qu'un gros doute subsiste sur la solidité des banques systémiques et pas seulement les banques allemandes ou italiennes qui défraient l'actualité et effraient les observateurs. 40 ou 60 milliards € de fonds propres face à 2 000 ou 3 000 milliards € de total de bilan et 10 000 milliards de hors bilan. Pas besoin de faire une analyse très poussée pour sentir un léger frisson nous parcourir l'échine.

Tout cela n'est pas sain, n'est pas durable certes mais les taux ne font que baisser depuis les années 80. Qu'est ce qui empêcherait ceux-ci de s'enfoncer un peu plus en terre inconnue (territoire négatif) ?

Impuissance des banques centrales, impuissance des politiques à tracer l'avenir ou simplement mettre en oeuvre les annonces des G20 successifs. Bigre ....mais bon le pire n'est jamais sûr, et, note d'optimisme, des capteurs anti-tsunami et quelques coussins ont été placés ici ou là pour amortir les inévitables futurs chocs,, les pertes seraient mieux réparties, les acteurs mieux préparés à faire face à des scénarios catastrophes qu'il y a dix ans.

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