Telescopage des esclavages

Au moment où nous commémorons l'abolition de l'esclavage que nous pensions relégué à l'obscurantisme des siècles passés, l'actualité nous en rappelle la permanence sur la planète avec l'épouvantable tragédie du Bangladesh.

A la base, l'exploitation économique du plus faible. Hier, pour cultiver la terre dans les iles Caraibes, aux Etats Unis, aujourd'hui, dans les usines et les ateliers des pays émergents, majoritairement en Asie. Hier, les maitres et les esclaves cohabitaient sur les plantations. Aujourd'hui les centrales d'achat des grands distributeurs et des grandes marques de textile, de téléphonie, de sportswear etc commandent massivement des marchandises à des milliers de kilomètres, après une vague inspection du dispositif de production local, en toute bonne conscience. Hier, pour la pénibilité, aujourd'hui pour le prix le plus bas.

Enfants, migrants déracinés des campagnes, personnes sans formation ni soutien sont les nouveaux esclaves de la demande effrénée de l'Occident mais pas seulement de l'Occident car cette demande, anonyme, mondialisée se déplace dans une surenchère mortifère à la baisse des coûts.

Le Bangladesh va fermer quelques usines édicter quelques régles mais sa dépendance aux exportations textiles est telle que les ateliers non conformes réouvriront. Les ouvrières et ouvrières le réclameront. Le problème est donc global : sont nécessaires de nouvelles régles de travail via l'OIT, de commerce via l'OMC, un peu d'éthique et d'intérêt bien compris du côté des commanditaires pour ne pas agir uniquement par peur du scandale, quand, pris la main dans le sac, leur réputation et leurs marques sont en danger. C'est à ce prix, à la lente mise en oeuvre que se pérenniseront les filières industrielles, se renforcera la qualité et que les courants d'échange ne se déplaceront plus uniquement sur la base du moins disant.

Ce qui a été fait pour quelques denrées agricoles et textiles, en matière de commerce équitable, peut -il se généraliser à l'échelle d'industires et de pays ? Rêvons un peu. Le nouveau directeur de l'OMC et les institutions multilatérales (ONU, banques)  ne peuvent pas ne pas remettre le dossier du co développement à l'ordre du jour.

Il est aujourd'hui trop tard pour réparer l'esclavage des 5 derniers siècles d'où le nécessaire devoir de mémoire, il est encore temps d'agir pour lutter contre l'esclavage économique moderne qu'aucun trait de plume ne pourra abolir malheureusement.