Chypr...endre autrement !

Non, tout compte fait l'Union Européenne s'est bel et bien plantée vis à vis de l'un de ses plus petits et plus lointains pays membres, Chypre, en voulant ponctionner tous les dépôts bancaires en contrepartie d'un plan de sauvetage de 10 Mds € des banques locales.

D'un côté,  un pays qui n'en est pas vraiment un, à l'histoire compliquée (partition depuis l'occupation turque de 1974), à l'économie peu diversifiée car dépendante de sa finance offshore, avec un système bancaire hypertrophié (total de bilan des banques > 8 fois le PIB de l'ile), dopé à la dette grecque et aux placements russes, peu regardant sur l'origine des fonds reçus mais toutefois peu leveragé car adossé aux fameux dépôts.

En face, une Union Européenne guidée par l'Allemagne, imposant un 'bail out' brutal et inédit du système bancaire chypriote en quasi faillite, gagé sur une taxe sur tous les dépôts bancaires.

L'avantage de la méthode proposée ici (un prélèvement 'citoyen 'unique, de 7 à 10% sur les dépôts, soit moins d'un an de rémunération des dépôts donc très supportable !), c'est que tout le monde participe au sauvetage, à la différence des contribuables qui sont moins nombreux et échappent souvent à l'impôt. Mais toucher le sacro-saint déposant, aussi modeste soit-il, sans prévenir, sans concertation locale, c'est bougrement osé alors que l'intangibilité des dépôts bancaires reste la clé de voute de la stabilité des banques (cf crise de 2008 : l'irruption des Etats et de la BCE, la garantie souveraine des dépôts ont empêché l'effondrement des banques qui ne se prêtaient plus entre elles, puis logiquement celle de l'économie réelle ensuite).

D'ores et déjà, les foudres de Moscou (on parle de 2 Mds € de ponction sur les capitaux russes) s'abattent sur l'Europe et la fameuse Troïka (sic) à l'origine du loupé.

Gageons que les liquidités des oligarques iront s'abriter dorénavant dans d'autres paradis ou assimilés tels que les pays baltes...

Les cris d'orfraie des Chypriotes vont, bien entendu, faire reculer la pusillanime Europe mais le doute est jeté dans les esprits notamment dans ceux des déposants d'Europe du Sud (Espagne, Italie, Grèce...) sur l'intangibilité de leurs économies.  

Sans vergogne, le capitalisme anglo-saxon hurle aussi haro sur le baudet au lieu de se rappeler qu'il n'a dû son salut, il y a 5 ans à peine, en Grande Bretagne et aux Etats Unis, qu'à la nationalisation de plusieurs institutions financières dévoyées (RBS, Northern Rock, FannyMae, AIG...).

Rien ne sera plus pareil à Nicosie et donc la garantie de l'inévitable et urgent plan de sauvetage bancaire reste à trouver !