ZHONGGUO

Il faudra s'y faire. La Chine n'en fait qu'à sa tête ou presque.

Bien sûr, elle fait toujours attention au cours du dollar ou du pétrole, elle veut faire partie des grands ensembles (Conseil de sécurité, OMC...), elle veut gagner des médailles...Ce qui la rend prévisible. Elle a horreur des ingérences et de ce fait, par défaut, soutien des régimes ignobles vilipendés par l'Occident. 

Ses intérêts peuvent converger avec les nôtres temporairement mais fondamentalement, elle n'obéit pas aux valeurs qui nous sont chères comme la démocratie et les droits de l'homme. Son parcours des trente dernières années, original, plaide en sa faveur. Elle suit une autre voie, la sienne. Ceux qui la voyaient imploser il y a dix ans en sont pour leurs frais et tant mieux ! Réussite macro-économique éclatante masquant d'innombrables drames, une misère abjecte dans les campagnes mais aussi plus de 150 millions d'hommes et de femmes sortis de la pauvreté..

Dans l'Empire du Milieu, pas de problème d'ethnies, aucun fanatisme religieux, d'extrême gauche ou droite...Le parti communiste, s'est substitué à l'Empereur; l'économie socialiste de marché au collectivisme. L'Etat possède toujours  la terre, mais on (les collectivités) y spécule à grande échelle, les prix immobiliers s'envolent, les classes moyennes ne peuvent pas ou plus se loger...

La Chine est le 2e déposant de brevets et ses laboratoires de recherche dans les universités sont à la pointe.

Clairement, elle a pris le leadership en Asie et le Japon semble s'y résoudre; elle domine l'ASEAN, la Conférence de Shanghai...et le renminbi commence à être une monnaie régulière d'échanges commerciaux. Elle est à l'origine de toutes les initiatives et rien ne peut se faire contre elle. Elle est crainte et courtisée.

En Afrique, elle est partout...sauf en Somalie, en troquant matières premières contre grands projets !

Idem en Amérique latine (lithium de Bolivie, cuivre chilien...) et des liens accrus sud sud ont été tissés avec le Brésil et le Mexique.

La Chine ne se cabre que quand sa souveraineté territoriale est contestée (Taiwan, Tibet, Spratlys...) mais elle ne peut être que pacifique car fondamentalement consciente de ses énormes carences, des défis monstrueux à relever (écologique, démographique, sanitaire, éducatif, social...) et de sa difficulté à se faire accepter comme investisseur par l'Occident ou à se transporter militairement sur les théâtres de guerre. Elle sait ce qui la sépare des Etats-Unis ou de l'Europe.

Deux notions paraissent encore éloignées dans nos esprits quand on parle de la Chine : le luxe (le raffinement qu'une Chine ancienne a connu) et la fiabilité (qualité sans faille reproduite de manière continue). Là encore, ce n'est qu'une question de temps.

Le bruit des révoltes arabes ne pourra qu'avoir un écho limité tant les conditions sociales et politiques sont divergentes. On l'entend guère sur la Lybie mais l'ONU passe quand même ses résolutions (le pétrole ne dépend pas du régime en place et la Chine pourra toujours acheter de l'or noir de Tripoli sur les marchés internationaux bien après la chute du colonel...).