Brouilleur à basse altitude

"J'arrive bientôt à la Défense, je serai à la maison dans 3 minutes ..."

" N'oublie pas de prendre du pain en rentrant "

" La réunion au bureau s'est super mal passée. Michel était encore en retard pour commencer et n'avait rien préparé . P... je m'étais dépêché pour rien"

"On se retrouve au cinoche. Jojo vient avec sa meuf ? Elle va encore nous gonfler, genre .."

Plongé dans mon bouquin, banquette 12, côté fenêtre, je n'en ai rien à cirer des problèmes de mes contemporains, exprimés à voie haute sur les ondes. Je relis sans cesse la même page. A ce rythme, je n'aurais rien lu d'ici Auber.

Je me souviens tout d'un coup d'un reportage qui montrait de curieux petits engins, planqués dans les imperméables, et brouillant les conversations téléphoniques. Rève ! Ah le plaisir de voir les têtes des géneurs sans gène, pensant que leur communication est coupée du fait du tunnel alors que d'une légère pression du doigt, je réintroduis un peu de calme et de sérénité dans le wagon. Ce n'est pas le moment de se trahir par un fou rire suspect.

Mon bonheur est de courte durée. Deux ménagères de moins de cinquante ans, de bonne famille, entame une discussion insipide à voix (très haute) sans discontinuer jusqu'à mon arrêt. Aucun regard noir, aucune exaspération manifeste yeux levés au ciel, n'y auront fait.

A quand un brouilleur pour conversations horripilantes ? ! en attendant il n'y a plus que les boules Quiès ou l'Ipod à donf. Bonjour l'autisme.