Mauvais film

L'annonce de l'arrestation en Suisse de Roman Polanski, très grand cinéaste polonais naturalisé français, m'a laissé comme une impression de malaise.

Polanski doit-il être protégé par son immense talent de cinéaste (Rosemary's baby, Tess, le Pianiste..) ?

L'est-il par son passé douloureux, petit juif du ghetto de Cracovie dont la femme fut victime d'un horrible meurtre ? D'habitude, ce sont les criminels nazis que l'on traque sans relâche et finit par arrêter au bout de 30 ou 40 ans.

Certes, des relations avec une mineure même consentante (ce que je ne crois pas, une mineure est rarement 'consentante' face à un adulte), ce n'est pas rien ! même en 2009, même 32 ans après les faits, même si celle ci l'a ensuite, une fois devenue adulte, absous, contre dollars sonnants et trébuchants.

La vindicte d'un juge 'réac' américain, pays où il faut d'abord purger sa peine avant d'être remis de sa faute, parait toutefois anachronique mais la justice a horreur qu'on prenne la poudre d'escampette la veille d'un procès. Ce que notre ami, prudent, fît en s'envolant pour l'Europe! Tant mieux pour la création cinématographique.

Qu'on se rassure : Polanski ne sera pas inquiété, ni extradé, tout juste réprimandé. Hollywood est puissant. Nos autorités veillent sur leurs ressortissants. On a déjà vu Frédéric Mitterrand indigné monter au créneau. L'internationale des artistes a pris immédiatement sa défense au nom du droit de circulation des hommes et des oeuvres, mais sans se prononcer sur le fond de l'affaire.

Récemment, la Suisse n'a pas craint le ridicule en s'excusant auprès de Khadafi, le Guide Suprême, pour les méfaits de son rejeton. Ici aussi, elle fera ce que l'opinion mondiale lui dira de faire.

Un procès même symbolique à L.A. avec une peine de principe, faute de plaignante, permettrait de sauver les apparences et de laisser chacun s'exprimer.

Mais bon, tout cela nous laisse un petit goût bizarre dans la bouche.