La TPE et le mur
Il était une fois une TPE (très petite entreprise). Sur sa petite Z.I., pendant des années, elle avait vaillamment augmenté ses ventes, entre 2 et 5%.
Son banquier, un jeune chargé d'affaires, la visitait une fois par an et lui proposait des produits et des lignes de crédit (petites...) dont elle n'avait que faire, sa trésorerie étant désespérement positive et placée en SICAV monétaires.
Quand la tempête souffla, son carnet de commandes plongea. Oh il n' y avait pas le feu au lac.
La TPE voulut juste savoir si sa banque lui octroierait un peu d'air,
quelques lignes d'escompte ou de découvert.
Le jeune chargé d'affaires avait été promu récemment dans une autre agence.
Le directeur n'avait plus de délégation et s'agitait en tous sens.
Deux entreprises du même secteur venaient de déposer
"alors du crédit, mon pauv' monsieur, vous comprenez...!"
La TPE avait bien encore ses SICAV et voulait juste savoir sur qui et quoi
compter les prochains mois.
Outre la baisse des commandes, un ancien et bon client défaillit lui laissant ce qu'on appelle joliment une ardoise.
Les SICAV furent promptement vendues mais la fin du trimestre approchait avec son cortège de charges sociales.
Demander l'appui de René Ricol ? trop petit, pas d'enjeu
la sauvegarde de justice ? trop lourde
pas de conseil avisé à l'horizon.
pas de document pour étayer,
pas d'accompagnement ni d'anticipation.
Avec la banque, le ton fut sec !
un dernier échange téléphonique
(ou comment passer du simple malentendu à l'engueulade définitive),
scella le sort de la TPE, inique,
juste avant le rejet du premier chèque.
Et puis bien sûr, la chute, le gachis, la perte de savoir-faire,
plusieurs salariés sur le carreau,
et une entreprise au tombeau,
sans jamais avoir utilisé de crédit bancaire.
J'aimerais bien, dans les mois qui viennent, pouvoir modestement changer l'ordre des choses (aider la TPE à anticiper, documenter, négocier).