Ordures

Non, je ne parle pas de ceux qui ont assassiné 17 de nos compatriotes début janvier mais de ce problème largement non résolu en Afrique : la collecte et le traitement des ordures.

On a beau recourir à toute la poésie dont son imaginaire est capable, par exemple quand on voit les enfants tapant de leur badine l'échine des ânes sur les carrioles de ramassage, on ne se fait pas aux décharges en plein air, aux égouts à ciel ouvert, aux déchets jonchant à peu près partout les rues, et séchant au soleil, dans les odeurs âcres d'urine, les déjections humaines et animales car les villes sont aussi de gigantesques latrines.

Comment faire autrement sans tout-à-l'égout et quand les rares fosses septiques sont l'apanage des villas et immeubles de la classe aisée, comme la France des villes dans la seconde moitié du XIXe siècle et des campagnes dans la première du XXe ? 

Tout est lié. Très grande pauvreté de masse, pas de plan d'urbanisme sauf dans les zones d'aménagement pour les entreprises, quartiers historiques surpeuplés, pas encore de conscience écologique, importations massives d'articles plastiques bon marché et polluants, résignation des populations et manque de volontarisme des politiques...

Il faudrait un baron Haussmann pour raser et rebâtir pour un siècle et plus mais avec quel argent quand celui-ci manque déjà pour l'éducation et la santé ?

Pauvreté et saleté ne sont pas irrévocablement liées comme s'il y avait une malédiction. De nombreux petits emplois de collecte, de balayage et même de retraitement existent dans bien des endroits, les intérieurs des maisons sont souvent soignés, les cours et parvis des maisons balayés. Mais jamais de poubelles ou de conteneurs, nulle part !? Or, ces pays ne sont qu'au début d'une ère de consommation. Que va t il se passer même si les objets durent plus qu'ailleurs, connaissent plusieurs vies, passent de main en main et que tout à une valeur ?

Imaginons dans vingt ans un continent de deux milliards d'individus avec une classe moyenne de cent à deux cents millions de personnes légitimement poussées à dépenser plus pour le confort ? L'eau potable (notamment des puits pour l'irrigation des potagers et des champs en lisière de ville) est déjà un enjeu majeur de santé publique dans les pays à faible pluviométrie, la pénurie étant bien là puisque les sols sont saturés d'acides et de métaux liés à la pollution.

Sur ce sujet vital du traitement efficient d'un volume toujours accru de déchets, le temps qui détruit tout à la longue et le soleil qui habille le triste tableau des villes africaines ne seront pas suffisants sans l'éducation et la technologie. 

En attendant, chacun se débrouille, sourire, rien n'est grave, le plus important est le prochain repas...