Gorée, Ouidah

Deux hauts lieux du commerce négrier que j'ai pu visiter lors d'un récent voyage en Afrique de l'Ouest.

L'un au Sénégal, Gorée, ilôt de 25 ha, face à la baie de Dakar, l'autre à la pointe sud du Bénin, ex-Dahomey.

Gorée, inscrite au Patrimoine mondial,  par sa géographie et la coexistence douce de ses habitants (60% musulmans, 40% catholiques et animistes) est un refuge : de grandes maisons inoccupées acquises par des stars occidentales jouxtent des maisons de pisé ou d'adobe sous une floraison exubérante; les gamins jouent au foot sur la place centrale ou dans les ruelles. Pas de mendicité agressive.

Thiof (recette de poisson local) et bière sur la  plage rassasient le promeneur qui se laisse gagner progressivement par la mélancolie en attendant le bateau du retour ('la chaloupe') et la tombée du soir.

Ouidah, ville de 60 000 habitants à 40km au sud de Cotonou par la piste offre un itinéraire jalonné de mémoire: la Forêt sacrée du roi Kpassé, fondateur de Ouidah avec ses irokos centenaires, Place aux enchères (Cha cha), Arbre de l'oubli, la Case Zomai où étaient parqués les esclaves pour les 'habituer' au voyage, le Mémorial du Souvenir (fosse commune des esclaves tombés avant l'embarquement), la Porte du non retour sur la plage où attendaient les bateaux et le Temple des Pythons (gros et inoffensifs). Partout l'omniprésence du culte vaudou et de ses déités grotesques en béton ou en ferraille et ses arbres. 

En dehors de la beauté des sites et des émotions, je fais un double constat : 

- les africains ont parfaitement intégré le rôle des potentats ouest africains et d'une frange de la population locale dans leur martyre et le mécanisme de la traite qui sans eux n'aurait pu être conduite sur 400 a ns par la seule force des européens, français, portugais, hollandais, anglais puis américains, cela sans exonérer en rien les colons de l'atrocité de ce génocide interminable et à grande échelle dont les séquelles démographiques et sociologiques sont encore palpables..

- leur difficulté à mettre en exergue leur propre histoire récente en tant qu'acteurs et non victimes; leurs accomplissements notamment depuis les Indépendances.