Le crash des crash tests

24 juillet 2010

Les marchés financiers seront-ils rassurés par le succès apparent de la plupart des grandes banques européennes aux tests de crise qui viennent d'être annoncés ?

Ces tests à la demande de la Commission européenne, visaient à démontrer leur capacité à maintenir un ratio de fonds propres "Tier 1" d'au moins 6 % d'ici à la fin 2011, et ce, dans des scénarios de crise plus ou moins sévères.

Les marchés ne feront pas semblant de se réjouir comme nos gouvernements toujours désemparés, car ces derniers ont vraiment pris conscience du danger sans pouvoir y remédier.

Pour ma part, épingler quelques caisses d'épargne espagnoles, une banque allemande et une banque grecque, ce n'est pas sérieux ! Quelle était vraiment la portée ce ces tests ? Qu'est ce qui a fondamentalement changé depuis le paroxysme de la crise en Septembre 2008?

Quelques taxes sur les banques ici ou là,

La nouvelle loi financière du président Obama, 2e texte fondamental de son madat après la réforme sociale; ce texte de plus de 2 300 pages élargit le contrôle des régulateurs sur des pans entiers de la finance qui lui échappaient avec la création d'un organisme de protection des consommateurs de produits financiers au sein de la banque centrale. Il vise aussi à empêcher le sauvetage des établissements TBTF ('too big to fail') aux frais des contribuables et inciter les banques commerciales à réduire leurs activités pour compte propre.

Certes mais...

- rien sur la fragilisation du système, liée justement aux TBTF qui ont encore augmenté de taille à la faveur de la crise,

-pas grand chose sur les rémunérations variables pousse-au crime,

-rien sur les agences de notation (par exemple supprimer leur monopole de droit et de fait.. revenir à la notation à la demande des investisseurs et non des émetteurs, interdire leurs activités de conseil...)

-rien sur un organisme international de compensation des dérivés type CDS, bombe toujours à retardement,

-les nouvelles régles prudentielles Bâle II en panne car rendues obsolètes par la crise et par leur timidité et celles de Bâle III dans les limbes (revenir aux fonds propres durs comme seul critère de solvabilité)

-rien pour inciter les banques à faire leur métier i.e. financer l'économie les projets, les particuliers...

-au niveau européen toujours pas de régulateur central, ce sont les pays qui conservent la main (Banque de France, FSA...).

Bref, ces crash tests passeront inaperçus sur les plages, ne rassureront personne car soupçonnés d'avoir été taillés sur mesure pour rassurer le bon peuple.

Ma conviction : les grandes banques internationales sont fragiles : la suspension opportune des régles de valorisation de leurs actifs toxiques fin 2008 par le FASB, les LBO défaillants, les CDS enfouis dans les hors bilans... ne sont pas encore apparus dans les chiffres.

La liquidité monstrueuse déployée par les banques centrales, sorties de leur rôle (avec à propos il est vrai !) est tapie quelque part et l'alea moral est plus en vogue que jamais. Il n'y a qu'à voir le psychodrame autour des banques qui ne pouvaient pas rembourser la BCE fin Juin !? La vitesse à laquelle les banques sont revenues à leurs anciennes pratiques de trading et de bonus sans faire redémarrer les économies est plus qu'inquiètant.

Les bases d'une nouvelle crise encore plus violente sont donc toujours là.

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